“En formant les journalistes et les acteurs de la société civile sur le lancement d’alerte, nous leur donnons les outils nécessaires pour devenir de véritables relais dans leurs communautés.” – Jimmy Kandé, Directeur Afrique de l’Ouest et francophone de PPLAAF
La lutte contre la corruption reste un défi majeur en Afrique de l’Ouest. En 2024, la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) a lancé deux projets ambitieux en partenariat avec la Fondation Ford, couvrant le Nigéria, le Ghana et le Sénégal, et avec la Fondation Heinrich Böll, se concentrant uniquement sur le Sénégal.
Ces initiatives ont permis de sensibiliser à l’importance du lancement d’alerte en tant que catalyseur du changement dans la lutte contre la corruption et les flux financiers illicites, tout en protégeant l’intérêt public.
Journalistes d’investigation, lanceurs d’alerte et société civile : une relation d’interdépendance
Un point commun à ces sessions a été l’accent mis sur la relation intrinsèque entre les lanceurs d’alerte et les journalistes d’investigation. Ils sont interdépendants car les lanceurs d’alerte ont besoin des journalistes pour divulguer leurs informations tandis que ces derniers dépendent des lanceurs d’alerte pour accéder à des sources cruciales pour leurs enquêtes. Il était également important de former les acteurs de la société civile car ces organisations jouent un rôle essentiel. En se mobilisant, la société civile peut faire pression sur les gouvernements et les inciter à adopter des lois protectrices pour les lanceurs d’alerte et former un véritable “bouclier citoyen” autour de ces acteurs.
Nigéria : un potentiel modèle pour la région
Malgré une culture de l’alerte bien implantée, le Nigéria fait face à une corruption endémique qui freine son développement. PPLAAF a donc intensifié ses efforts dans ce pays, après des actions au Ghana et au Sénégal. En renforçant la protection des lanceurs d’alerte et en faisant du Nigéria un précurseur dans ce domaine en Afrique de l’Ouest, les efforts du Nigéria pourraient inspirer d’autres pays de la région à adopter des réformes similaires pour lutter contre la corruption.
Ateliers de formations à Abuja et Accra
En partenariat avec AFRICMIL, l’atelier à Abuja a réuni des participants de haut niveau, dont le Chef de l’unité de dénonciation du Ministère des Finances et du budget, démontrant un engagement institutionnel fort. Lors de la formation destinée aux journalistes d’investigation, les formateurs se sont focalisés sur la manière de trouver des informations pertinentes, ainsi que sur l’utilisation des ressources essentielles pour mener des enquêtes approfondies. La formation dédiée aux organisations de la société civile a mis l’accent sur le concept de lancement d’alerte, en insistant sur l’importance de distinguer les lanceurs d’alerte.
A Accra, l’atelier en partenariat avec WAJSIC a été marqué par la participation du journaliste d’investigation Anas Aremeyaw Anas, dont les enquêtes ont conduit à des réformes majeures au Ghana. Il a ouvert la session en engageant des discussions sur la nature du journalisme d’investigation, en abordant les défis liés à ce métier. L’accent a ensuite été mis sur les mesures de sécurité indispensables pour les journalistes d’investigation. Pour les organisations de la société civile, la formation a été centrée sur le rôle des lanceurs d’alerte dans la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent. Jimmy Kandé, directeur Afrique de l’Ouest et francophone de PPLAAF a présenté la loi sur la protection des lanceurs d’alerte du Ghana en soulignant l’importance de la sensibilisation car elle reste encore mal comprise par certains alors que le Ghana est l’un des rares pays africains à disposer d’une telle loi.
Kédougou : un choix stratégique
« Les dénonciateurs en Afrique de l’Ouest sont essentiels dans notre lutte contre la corruption et pour la transparence et la responsabilité. Ils doivent bénéficier d’un soutien global. – Marie Paule Conaré, Chargée de projet Afrique de l’Ouest
Kédougou, une région du Sénégal riche en ressources minières, est particulièrement vulnérable à la corruption dans un contexte d’expansion économique rapide. La formation, d’une durée de trois jours et destinée aux journalistes, syndicalistes et acteurs de la société civile, a mis l’accent sur le rôle crucial des lanceurs d’alerte dans le secteur minier. Cette session a démarré avec un module dirigé par Marie Paule Conaré, chargée de projet au bureau Afrique de l’Ouest de PPLAAF, qui est revenue sur le rôle essentiel des lanceurs d’alerte dans la lutte contre la corruption. Elle a également procédé à un état des lieux des législations africaines en matière de protection des lanceurs d’alerte, avec un focus particulier sur le Sénégal.
Par la suite, Salimatou Diallo, également de PPLAAF, s’est penchée sur la question de la sécurité numérique en soulignant les enjeux actuels et en proposant des solutions pour faire face aux dangers en ligne. Les témoignages des lanceurs d’alerte tels que Jean Jacques Lumumba et Amadou Traoré ont enrichi les débats, mettant en lumière les risques auxquels ils sont confrontés.
L’atelier s’est terminé par une conférence publique, qui a réuni des acteurs clés du secteur minier local pour discuter des enjeux de transparence et de redevabilité dans l’industrie extractive de la région. Les participants ont insisté sur l’importance d’une collaboration renforcée entre lanceurs d’alerte, médias, syndicats et société civile pour promouvoir une gouvernance responsable.
PPLAAF est une organisation non gouvernementale créée en 2017 pour protéger les lanceurs d’alerte, ainsi que pour plaider en faveur de leurs intérêts et s’engager dans des litiges stratégiques en leur nom lorsque leurs révélations touchent l’intérêt général des citoyens africains.
Pour plus d’informations sur PPLAAF, veuillez visiter :
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