COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Des organisations de la société civile appellent les procureurs à enquêter sur les fonds congolais détournés et dissimulés dans des biens immobiliers en Afrique du Sud

Aujourd’hui, des organisations de la société civile basées en Afrique du Sud, en République Démocratique du Congo (RDC) et au Sénégal appellent la National Prosecuting Authority (NPA) sud-africaine à se saisir rapidement de la plainte pénale portant sur de accusations graves d’infractions de blanchiment d’argent à une échelle internationale. La plainte a été déposée auprès de la NPA il y a 19 mois, sans qu’aucune mesure apparente n’ait été prise par les autorités pour établir la responsabilité des auteurs de ces crimes.  

Open Secrets, la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF) et Le Congo N’est Pas A Vendre publient ce communiqué commun. Ces organisations de la société civile sont préoccupées par l’absence d’action des autorités sud-africaines à la suite de soumission des preuves démontrant comment des hommes politiques congolais corrompus ont utilisé des fonds congolais détournés pour acquérir des propriétés en Afrique du Sud.

En avril 2023, Open Secrets, PPLAAF et les organisations congolaises Congo Nouveau, Afrewatch et CDC/RN ont déposé une plainte pénale auprès de la NPA. La plainte détaille comment le frère adoptif de l’ancien président de la RDC, Francis Selemani, s’est procuré des propriétés en Afrique du Sud grâce aux fruits de la corruption en RDC. L’espoir était qu’une enquête de la NPA concernant Selemani conduirait à la saisie de ses biens en Afrique du Sud et à la restitution du produit de la corruption au peuple congolais. Malgré de nombreuses tentatives pour obtenir des informations sur l’état d’avancement de l’enquête, la NPA n’a fourni aucune information officielle depuis le 9 avril 2024. 

Les preuves contenues dans la plainte proviennent principalement de l’enquête inédite #CongoHoldUp. En 2021, PPLAAF, Médiapart et leurs partenaires ont publié des révélations issues de #CongoHoldUp et basées sur plus de 3,5 millions de documents qui révèlent comment la banque BGFI a été utilisée pour piller les fonds publics et les ressources naturelles de la RDC, bénéficiant largement à l’enrichissement du cercle rapproché de l’ancien président Kabila. #CongoHoldUp comprenait également un rapport d’enquête de l’organisation américaine à but non lucratif, The Sentry, intitulé « Embezzled Empire ».

Ce rapport détaille comment Francis Selemani a dissimulé des millions en acquérant des maisons de luxe aux États-Unis et en Afrique du Sud, semble-t-il en partie grâce à des fonds du gouvernement congolais détournés. Les preuves fournies par #CongoHoldUp et Embezzled Empire ont également contribué à l’élaboration de l’étude de cas sur la RDC dans le rapport d’enquête d’Open Secrets intitulé « For Sale – South Africa’s Property Laundromat ».

Il est maintenant urgent d’agir. Une nouvelle enquête publiée aujourd’hui par The Sentry révèle que six des seize propriétés sud-africaines de Selemani ont déjà été vendues à de nouveaux propriétaires depuis la publication de #CongoHoldup. L’inaction des autorités sud-africaines signifie que, à mesure que les propriétés sont vendues, l’argent s’évanouit et devient irrécupérable.

« Une enquête sur les avoirs de Selemani en Afrique du Sud est primordiale, mais la véritable justice nécessite une redevabilité, tant à l’étranger qu’au niveau national », a déclaré le lanceur d’alerte congolais Jean-Jacques Lumumba, « Le peuple congolais a été exploité et continue de subir l’impact de cette corruption. Les autorités doivent agir et les biens doivent être saisis ». 

Des moyens pour établir les responsabilités des auteurs ont également été recherchés en RDC. Cette semaine, la coalition « Le Congo n’est pas à vendre », basée en RDC, a de nouveau appelé à la redevabilité en incitant les autorités locales congolaises à prendre des mesures concernant les preuves incriminant Kabila et son cercle restreint.

En outre, en 2023, le parquet national financier français a perquisitionné les bureaux de la filiale de la BGFI en France. Les autorités belges ont ouvert deux enquêtes, l’une pour « corruption d’agents publics étrangers » à l’encontre du millionnaire belge Philippe de Moerloose, l’autre visant l’ancien gouverneur de la Banque Centrale du Congo pour blanchiment d’argent. Une enquête sur des transactions suspectes en Suisse cible également le clan Kabila, de Moerloose et des banques suisses.

L’incapacité de l’Afrique du Sud à poursuivre les responsables de corruption est l’une des raisons majeures pour son inscription sur la « grey list » du GAFI. Il est impératif que des affaires comme celles-ci soient traitées par des organismes chargés de l’application de la loi, comme la NPA. L’Afrique du Sud ne peut pas être le terrain de jeu des élites criminelles corrompues du monde. Nous appelons la NPA à faire avancer cette affaire de toute urgence et à rendre justice au peuple congolais dont les vies et les moyens de subsistance continuent d’être volés.

Pour plus d’informations, merci de contacter :  

PPLAAF

Gemma-Maé Hartley: gemma@pplaaf.org 

Open Secrets

Letlhogonolo Letshele: lletshele@opensecrets.org.za

Congo is Not For Sale

Madeleine: communicationcnpav@gmail.com 

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